Le desert du Taklamarkan

A Kashgar, je suis aux portes du désert du Taklamarkan (les orthographes et les appellations varient selon les langues, les traductions). La suite de la route consiste à le longer par le sud, c’est a dire suivre la variante Sud de la route de la soie. Coincée entre le désert et les contreforts de l’Himalaya se trouve la route G315, que je vais suivre sur 1890km d’apres les bornes kilométriques. Le long de cette route se trouvent des villages et des villes qui me permettent de remplir l’outre d’eau et le garde manger, en faisant bien attention de savoir pour combien de temps je dois prévoir (jusqu’à 3jours a un endroit).

Je dois rejoindre la ville de Xining, a environ 3500km, dans l’idéal en 23 jours, pour y renouveler mon visa (je suis sensé demander ma demande de renouvellement 7 jours avant expiration). Dans l’absolu l’avant veille fonctionne aussi,  tous les cas je dois être a Xining en 28 jours après mon entrée en Chine. Ca fait beaucoup de kilomètres a parcourir en pas tant de temps que ça.

Je commence par quelques jours avec des journées classiques (autour de 120km), puis passe la seconde et bas quelques uns de mes records. Plus grosse journée, la barre est maintenant a 179km. Plus gros 2 jours, la barre est a 355km. Plus gros 4 jours: 664km. Bref, en mettant la barre a 1000km par semaine, a priori ca pouvait passer. Bon, apres le désert il y avait des montagnes, mais en prenant de l’avance dans le désert et en continuant a faire des grosse journées c’était jouable. J’ai tenu une grosse dizaine de jours a ce rythme, jusqu’à ce que le vent de face et la tourista en décident autrement (plus de détails dans un autre billet).

Sinon le désert, c’est grand. C’est beau. C’est long. C’est venteux. C’est long. C’est heureusement pas trop chaud (seulement 38degrés au maximum dans les heures les plus chaudes). C’est long. C’est plein de sable et de poussière. C’est long. 

Les jours se suivent et se ressemblent par certains cotés, mais différents totalement par d’autres. Tous les jours c’est réveil matinal pour rouler le plus possible au frais. C’est rouler jusqu’à ce que le corps dise stop ou que le soleil se couche. C’est manger toujours la même chose parce que de toute façon il n’y a que ca dans les magasins et les restos. Biscuits et madeleines. Nouilles chinoises. Lakman (bol de nouilles épaisses, bouillon, légumes et viande de mouton bouillie, plat typique d’Asie centrale). Je fais une grosse consommation de sodas divers pour leur haute dose de sucre.

On pourra dire que ce fut une expérience. J’ai vu des paysages magnifiques, mais j’en ai quand même bien bavé.

30h a kashgar

Apres avoir passé les frontières et parcouru une grosse centaine de kilomètres je campe a 30km de Kashgar. J’arrive en ville le lendemain en début de matinée. Kashgar est la ville la plus à l’Ouest de la Chine. Nous sommes dans le Xinjang, pays ouïgour, a majorité musulmane. La ville ressemble par certains cotés aux villes d’Afrique du Nord. Mais Par beaucoup d’autres cotés on est bien en Chine.

Direction l’auberge de jeunesse pour obtenir des informations sur la situation politique de la région, et la possibilité pour un étranger de traverser la région en toute sécurité. Aucun souci me dit-on, premièrement les troubles sont terminés, deuxièmement ce n’est pas sur ta route. Ensuite direction le magasin de livres pour trouver un atlas routier chinois. En chinois. Le plus dur étant de trouver le bon rayon dans le magasin, tout étant écrit en chinois ou en arabe (l’ouïgour s’écrit en arabe). Ensuite faire bien attention de choisir un atlas récent (le modèle 2007, toujours en rayon, n’est plus vraiment d’actualité).

Je retrouve à l’hostel un japonais rencontré la veille dans le taxi a travers le no mans land et un allemand rencontré a Bishkek 2 semaines plus tot. Pour le repas du soir direction le marché de nuit. Au menu plein de stands qui proposent un peu de tout, il suffit de faire son choix. Poisson et viandes grillés ou frits, soupes, brochettes, c’est ma première rencontre avec la nourriture chinoise, et c’est cool. Il y a plein de trucs a goûter, pas mal de choses non identifiées (brochettes d’espèces d’algues/éponges bizarres qui trempent dans du bouillon, galettes remplies de je ne sais quoi), ça ne coûte quasiment rien, et c’est bonheur. 

 

Pas de bol le reste du Xinjang sera bien plus monotone gastronomiquement parlant, mais chut, je ne le sais pas encore.

Frontière chinoise

La frontière entre le Kirghizstan et la Chine se découpe en plusieurs étapes. Il y a le premier checkpoint, coté Kirguiz, 20km avant la frontière, ou on contrôle ton passeport et note ton arrivée sur un listing. Puis il y a la vraie frontière, avec d’abord un checkpoint/contrôle du passeport (pour vérifier que tu es bien sur le listing). Puis un second contrôle du passeport. Puis la douane en elle même et le tampon de sortie du territoire. Puis un nouveau contrôle du passeport pour vérifier que tu t’es bien fait tamponné. Ca y est je suis sorti du Kirghizstan.

Apres 4km d’un premier no mans land on arrive à l’ancienne frontière chinoise. Un premier checkpoint/contrôle du passeport. Le soldat galère pour comprendre de quel pays je viens. Il a une liste avec les noms des pays en chinois et en alphabet latin, et compare la couverture du passeport avec sa liste. Forcement « Republique Francaise » n’est pas sur sa liste, je dois lui pointer la ligne « France », Fagoa en Chinois (un des quelques mots que je sais dire en mandarin).

Ensuite, l’ancienne frontière en elle même, c’est à dire un fonctionnaire qui prend et contrôle le passeport, et un soldat qui me fait vider tous mes bagages pour en vérifier le contenu. Bon la fouille n’est pas si totale et approfondie que ça, le bidasse n’en a pas grand chose a carrer mais c’est son job. Verification des photos sur l’appareil photo et sur le téléphone (je ne sais pas trop ce qui est interdit), mais pas de contrôle du disque dur ni de la camera (elle n’a pas d’écran, ça n’aide pas).

Entre l’ancienne frontière et la nouvelle frontière, 142km de no man’s land, et il est interdit de les faire a vélo. Pas le choix, c’est taxi obligatoire (ou bus pour les 2jours par semaine ou il y a un bus). Pas de souci pour le vélo, dit le chauffeur, il y a juste un supplément. Je vous laisse apprécier l’installation de ma monture sur le coffre. 

Pas de souci, ça rentre. C’est tellement bien attaché qu’a l’arrivée le coffre est tordu et ne ferme plus.

A 6 dans le taxi, c’est parti pour 142km de route neuve/piste défoncée/route en travaux selon les endroits. Les bagages et le vélo sont couverts de poussière a l’arrivée a la nouvelle frontière (aucun lien avec un voyagiste francais) chinoise flambant neuve.

Cette fois pas de fouille mais rayons X pour les bagages, et tampons sur le passeport. Ca y est, me voila en Chine. A moi l’Empire du Milieu !

Montagnes kirgizes

Pour rejoindre la frontière chinoise, il y a un peu de montagne au programme. Ca tombe bien, depuis les Alpes et la première semaine du voyage, il n’y avait pas vraiment eu de grimpette. Mais la on parle d’un autre niveau comparé aux Alpes, étant passé par un col relativement bas pour rejoindre l’Italie.

Osh se trouve environ a 1000m d’altitude. Il y a d’abord un petit col a 2700m avant de redescendre a 1600m, puis ça monte doucement pendant 100km jusqu’a 2800m. Ensuite, 8km de lacets  pour atteindre  3600m, soit environ 10%. Arrivé en haut ca redescend pendant 3km, puis surprise, c’est un double col, il faut remonter a 3700m. La descente qui suit est presque frustrante, puisqu’elle ne descend que de 600m pour rejoindre Sari Tash et une vallée a plus de 3000m d’altitude. 

Ensuite, il n’y a plus qu’a suivre la vallée, ou presque car la route remonte a 3700m pour une raison qui m’échappe. Il y avait peut être un excédent de budget sur la construction alors les ouvriers ont prolongé le plaisir ?

Tout ça donne de tres belles images, mais pfiou, j’en ai **** des ronds de chapeaux. Pas de mal des montagnes, mais on sent bien que l’oxygène n’est pas a son niveau habituel a partir de 2500m. Une petite pensée pour les caravaniers de la route de la soie qui passaient par la, et qui devaient eux aussi bien galerer, et pour les habitants qui vivent la toute l’annee. Et encore, la météo fut plutôt clémente pour moi (juste quelques gouttes chaque fin de journée, mais du beau temps en moyenne), je n’ose imaginer ce que ça donne l’hiver.

Trajet Bishkek-Osh

Résumé des épisodes précédents: Alors que je partais rejoindre le Sud du Kirghizstan, un minibus m’a frôlé de trop près, et m’a forcé a prendre une semaine de repos a Bishkek. Du coup me voila a la bourre pour rejoindre la frontière chinoise dans le temps imparti par la validité de mon visa chinois. Pas vraiment le choix, je dois faire une partie du voyage en voiture.

Le trajet de Bishkek a Osh, de la capitale a la 2eme ville du pays, passe par plusieurs cols et des routes qui ne permettent pas aux bus de passer. Ce sont donc des armadas de mini bus et de taxis collectifs qui font des allers/retours entre les 2 villes, environ 12h pour couvrir les 650km. Pour ma part, ça sera un taxi collectif, afin de pouvoir négocier une place pour mon vélo et mes bagages.

Le véhicule est un monospace 7 places (Honda Stepwgn), mes sacoches dans le coffre et le vélo sanglé sur le toit. On sera donc 10 dans la voiture, chauffeur compris, pour le trajet, de nuit. Autant dire que je n’ai pas super bien dormi. Les autres voyageurs dorment comme si de rien n’était, la tête balançant au gré des virages, je ne sais pas comment ils font. Et a l’aube, alors que je commence enfin a réussir a fermer les yeux, le chauffeur s’arrête auprès de la voiture d’un collègue, transfère nos bagages dans cette voiture, et nous voila avec un mouton dans le coffre pour les 2 dernieres heures du voyage. Super …

Arrivé a Osh en début de matinée, après une nuit quasi blanche, me voila reparti pour les 350km qui me séparent de la frontière, avec un peu de grimpette au programme.

A xining

2457km pour Ouvrez les rideaux-Petit marsien/Xining

 Enfin arrivé à Xining (西宁, ou pour retenir plus facilement en chinois: Ouvrez les rideaux-Petit marsien. On trouve les moyens mnémotechniques qu’on peut), dont la direction est indiquée sur les panneaux depuis un bon moment deja. Premiere grosse ville chinoise du voyage, ça fait du bien de retrouver un peu de civilisation apres 3500km de désert et de montagnes. La ville est a la fois grande, moderne, vieille et historique, j’en prends plein les mirettes et les papilles, et je vais en profiter pour remettre en état le vélo  et le bonhomme qui ont bien souffert dans le désert.

Je vais aussi pouvoir renouveler mon visa en fin de semaine, une fois que les fonctionnaires du bureau des visas seront revenu de team building, avant de repartir dimanche en direction du Sud.

Pour le moment la Chine est gigantesque, fascinante quand il y a des choses a voir (le désert, ça va un moment), en plein boom, c’est clairement un pays dans lequel on peut passer plusieurs années sans avoir le temps de tout voir. 

Je profite d’internet et je vais pouvoir remettre une série d’articles dans la file d’attente. La narration repart demain de Bishkek ou je vous avais laissé il y a deja quelques temps. A propos, grande muraille électronique oblige, je n’ai pas accès ni a Twitter ni a Facebook (mes notes de blog continueront d’etre diffusees dessus, mais je n’ai pas acces a vos commentaires, reponses et autres). Globalement le reste du net passe.

 

Petit aperçu de la vue depuis l’hostel. Je posterai plus tard les photos de nuit, en attendant voila la galerie de photos de Kashgar a Xining

Arrivée en Chine

Un coucou rapide de Kashgar, première ville à l’ouest de la Chine. Le changement après les montagnes Kirghizes est saisissant. J’ai eu la chance de récupérer un phrasebook anglais-chinois à Bishkek, et ça va bien me servir !

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Je n'ai aucune idée de ce qui est marqué derrière moi, en Chinois et en Ouïgour

Dans la région ils parlent Ouïgour, qui est une langue de la même famille que le turc, le kazakh, le kirghize, mais qui s’ecrit en arabe alors que les 2 dernières s’écrivent en cyrillique.
Juste avant la frontiere chinoise j’ai une nouvelle fois eu des nouvelles de l’ambassade de France via leur système de déclaration de séjour. Le sms concernait cette fois le cas de peste bubonique qui s’est déclaré dans le nord est du Kirghizstan (à Karakol), conseillant d’éviter la région. J’y étais plus de 2 semaines plus tôt, toujours pas de symptômes donc il semble que tout va bien !
Toujours au rayon santé, ma main a cicatrisé, dégonflé, et la force est en train de finir de revenir dans l’index. Tout va bien donc aussi de ce coté là.
La Chine a l’air passionnante, j’en prend déjà plein la vue.
Finalement tous les locaux disent que la route au Sud du désert est sûre, et qu’il n’y a pas de souci pour passer là, je vais donc passer au Sud du désert du Taklamartan.
Je ne sais pas à quelle fréquence je vais pouvoir vous donner des nouvelles, donc d’ici là, prenez soin de vous !